Le Campus Biotech occupera les locaux abandonnés à l’été 2012 par l’entreprise Merck Serono. S’y côtoieront scientifiques, start-up, industriels, spécialistes de la valorisation de la science et de la technologie. Ce centre high-tech, qui s’étend sur quelque 40 000 m2 dans le quartier de Sécheron, a été présenté mardi à la presse
«Notre objectif est de prolonger l’histoire du site [des ateliers de Sécheron] et d’écrire une page de plus.» Benoît Dubuis, directeur de la Fondation Campus Biotech de Genève, ne manquait pas d’images fortes pour décrire les ambitions du Campus Biotech, lancé par l’EPFL, l’Université de Genève (Unige), la famille Bertarelli et le milliardaire Hans-Jörg Wyss, et présenté mardi à la presse. Cet ensemble de groupes de recherche, start-up, entreprises et experts en valorisation techno-scientifique occupera les 40 000 m2 des locaux abandonnés en 2012 par Merck Serono; 600 personnes y travailleront d’ici à fin 2014. Dont les équipes du Centre interfacultaire des sciences affectives (CISA), installées il y a un an déjà.
Son responsable, David Sander, loue «cette initiative tellement interdisciplinaire, et la possibilité de mener des recherches sur les émotions encore meilleures» que dans ses anciens locaux de l’Unige, cela dans un environnement propre au foisonnement d’idées et de rencontres. C’est aussi ce dont se réjouit Patrik Vuilleumier, du Département des neurosciences fondamentales, dont les groupes vont installer sur le site divers appareils servant à l’imagerie cérébrale. Sa collègue Sophie Schwartz a d’ailleurs prévu d’y établir une «clinique du sommeil», domaine d’étude dont elle est une des spécialistes internationalement reconnues.
Les bâtiments hébergeront surtout deux projets «phares». Le premier est le Human Brain Project, qui veut regrouper dans un superordinateur toutes les données connues en neurosciences et simuler le fonctionnement d’un cerveau. Le second est le Centre Wyss pour la bio et la neuro-ingénierie, qui veut faire office d’interface entre la recherche et l’industrie pour faciliter le transfert de technologie (LT du 15.10.2014), avant tout dans le secteur des neuroprothèses.
«Nous voulons soutenir l’innovation, mais aussi créer de nouveaux modèles d’innovation autour de plateformes idoines et avec divers partenaires», avance Benoît Dubuis, en présentant l’autre grand domaine d’activité du campus: la «médecine digitale» à l’ère du Big Data, ces données de toutes sortes récoltées autour du corps humain (ADN, paramètres enregistrés par des mobiles, etc.) et de la santé en général.
«Comment donner du sens à ce déluge de données? Nous allons développer des outils, dit Antoine Geissbühler, médecin-chef du service de cybersanté aux Hôpitaux universitaire de Genève. Et nous avons la chance de le faire dans ce site qui est le centre de gravité de la Health Valley», la région lémanique si riche en instituts liés au domaine de la santé, où sont aussi installées diverses institutions internationales, telle l’OMS, avec lesquelles le professeur envisage de collaborer.
Directeur de l’Institut de la santé globale de l’Unige, Antoine Flahault ne dit pas le contraire. «Les problématiques mondiales de la santé sont souvent bien identifiées, explique-t-il. Mais il y a un énorme besoin en recherche dans les manières de bien mettre en œuvre les solutions.» Le Campus Biotech est l’environnement parfait pour développer des projets visant à pallier ces manques, conclut-il.