En Suisse romande, le climat est tendu autour des statines, surtout depuis mai dernier. L’émission médicale 36.9° de la RTS a diffusé une enquête critique sur l’efficacité de ces médicaments anti-cholestérol en regard de leurs effets secondaires potentiels. Ses conclusions: ces derniers sont souvent sous-estimés, voire occultés, alors que les bienfaits des statines sont fréquemment surévalués; ces médicaments font par conséquent l’objet de prescriptions exagérées de la part des médecins. Des propos qui ont fait réagir ces derniers.
Les associations cantonales (surtout vaudoise et genevoise) et nationale de cardiologues ont fait le reproche à l’équipe de la RTS d’avoir indirectement incité les patients à arrêter de prendre les statines qui leur ont été prescrites. «Mes collègues et moi recevons nombre de patients qui remettent leur traitement en question», dit François Mach, président de la Société suisse de cardiologie.
«Cela fait partie de notre travail de questionner de manière critique les pratiques de santé, dit Mario Fossati, l’un des producteurs de 36.9°. Nous n’avons pas traité ce sujet différemment. Les réactions des associations de cardiologues ont en effet été plus virulentes que d’habitude. Nous les recevons. La raison est que le sujet est très controversé, et les enjeux importants, tant les problèmes cardiovasculaires sont la cause d’un grand nombre de décès. Au final, ce n’est pas un mal si cela incite les gens à discuter de leur traitement avec leur médecin.»
Deux semaines après la diffusion de l’émission, suite à des questions de patients et de médecins, l’équipe de 36.9° a d’ailleurs ajouté, sur le site internet de l’émission, une note rappelant qu’«à aucun moment dans cette enquête, nous n’avons recommandé [à quelque patient] d’arrêter son traitement sans consulter au préalable son médecin». Après plusieurs missives à la direction de la RTS, les cardiologues, par la voix de leur président suisse, souhaitent désormais qu’une telle précision soit aussi apportée en ouverture d’une des prochaines émissions de ce magazine télévisuel médical. «Nous n’allons pas donner suite à cette demande, répond Mario Fossati. Car ce reportage vit désormais uniquement sur Internet, à travers celles et ceux qui vont encore le (re)visionner.»