
ANALYSE // L’Union européenne s’est fixée 2050 comme délai pour que son aviation soit « neutre en carbone ». Un défi au niveau essentiellement des carburants, qui contribuent actuellement entre 2,5 et 3% des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial. Mais quel carburant fera l’affaire?
L’hydrogène est une solution souvent évoquée, mais qui n’arrivera que dans un deuxième temps, dans la seconde moitié du siècle. Pourquoi? Il faudrait d’abord renouveler les flottes des compagnies aériennes, avec des avions complètement différents. Or on sait que la durée de vie d’un avion de ligne, comme ceux qui sortent des usines aujourd’hui, est d’environ 25 ans. Il y a donc peu de chance qu’on ait une aviation à l’hydrogène avant 30 ans – pour autant d’ailleurs qu’on commence dès maintenant à produire ces nouveaux avions.
L’UE mise donc tout sur les « carburants d’aviation durables » (CAD). Ceux si fabriqués avec des huiles de cuisson, de la graisse animale, des déchets verts ou de l’alcool – on parle alors de CAD biologiques, ou même du CO2 et de l’hydrogène – on les appelle les CAD synthétiques.
Et l’intérêt, c’est que ces carburants peuvent être utilisés directement dans les avions actuels. Et réduire leur empreinte carbone jusqu’à 80%.
D’ailleurs, il y a un an, l’Union européenne a contraint les compagnies aériennes à en utiliser. Avec d’abord des quantités modestes: 2% du total des carburants utilisés cette année. Et 6% vers 2030. Mais ensuite jusqu’à 70% d’ici 2050.
Le plan semble donc très prometteur, mais sur le papier surtout. Car il y a des écueils. Le coût d’abord, puisque ces carburants durables sont 5 à 12 fois plus chers que le kérosène classique. Cela parce que les capacités de production sont actuellement très limitées. Trop faibles, même – et c’est là le paradoxe – pour couvrir les besoins qui sont imposés aux compagnies!
Le mois passé, l’Europe a donc débloqué une première enveloppe de 2,9 milliards, en espérant que cela induise aussi des investissements privés.
Alors, c’est un début. Mais on estime aussi que le trafic aérien pourrait doubler d’ici 2050. Il faudra donc des efforts bien plus conséquents pour garder réaliste l’objectif d’une aviation entièrement neutre en carbone.








