
Géantes ou naine, gazeuses ou rocheuses, infernales ou gelées : on dénombre désormais plus de 6000 exoplanètes confirmées, ces planètes qui tournent autour d’une étoile autre que notre Soleil. Et la première a été découverte il y 30 ans, non de la Suisse, à l’Observatoire de Haute-Provence, par deux chercheurs genevois.
Le doctorant Didier Queloz de l’Observatoire de l’Université de Genève observe ce qui pourrait être la signature lumineuse d’un astre autour de l’étoile Pégase-51, dans la constellation éponyme. Il appelle son professeur Michel Mayor, qui se trouve alors en voyage, mais ce dernier reste prudent, tant cette planète semble bizarre : »Elle fait un tour en quatre jours autour de son étoile. La Terre met une année pour faire le tour du Soleil. Cette planète met quatre jours – c’est tout à fait inhabituel », explique-t-il peu après, le 22 mai 1996, dans l’émission Télescope.
Mais d’autres mesures révèlent vite ce qui sera finalement bel et bien la première exoplanète! « On a festoyé lourdement avec Didier Queloz: on s’est acheté une tarte aux myrtilles, une bouteille de Clairette de Die, et on a fêté l’événement », se souvient Michel Mayor
Comme une bombe
La découverte publiée dans la revue Nature, fait l’effet d’une bombe, ouvrant un fascinant champ d’exploration. Et vaudra aux deux chercheurs de l’Université de Genève le Prix Nobel de Physique en 2019.
Pour scruter ces autres mondes, on redouble alors d’ingéniosité : entre télescopes terrestres, et engins spatiaux dédiés, comme CHEOPS – le premier satellite développé en Suisse.
Cela même si ces planètes restent et resteront probablement pour toujours des objets purement scientifiques: « Les planètes extrasolaires sont tellement loin qu’il n’est pas question de les voir comme des plan B pour l’humanité », insiste Michel Mayor dans l’émission Géopolitis, le 1er novembre 2020.
Première image directe d’une exoplanète, analyse de l’atmosphère d’une autre, planète couverte d’un océan entier : en 30 ans, c’est un feu d’artifice de découvertes.
En attendant le Très Grand Télescope européen et son miroir de 39 mètres de diamètre, qui devrait, dès 2028 au Chili, drastiquement enrichir le bestiaire des exoplanètes. Et pointer peut-être une sœur jumelle de la Terre portant la signature d’une vie possible.









