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«La crise, un prétexte pour éviter de parler du sida»

18 juillet 2012
dans Enquêtes
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Le 22 juillet s’ouvre à Washington le Congrès mondial sur le sida AIDS2012. Interview de Bertrand Audoin, directeur de l’International Aids Society, basée à Genève, qui l’organise

Voilà 22 ans que les Etats-Unis n’ont pas accueilli une conférence internationale sur le sida. Dès dimanche, ce sont plus de 20 000 délégués du monde entier qui se réuniront à Washington, pour AIDS2012. Cet immense congrès bisannuel est organisé par l’International Aids Society, basée à Genève. Son directeur est le Français Bertrand Audoin, ancien directeur de l’ONG Sidaction.

Le Temps: Quelle importance revêt le fait d’organiser ce congrès aux Etats-Unis?

Bertrand Audoin: Elle est grande. Pour plusieurs raisons. Jusqu’à récemment, les personnes séropositives y étaient interdites d’accès. Cette mesure avait été instaurée vers 1990 par l’administration Reagan. On ne connaissait pas bien les voies de contamination, la prévention n’était pas avancée, et l’épidémie explosait sans qu’on sache comment. On estimait donc que les personnes séropositives faisaient courir un danger de santé publique. Puis rapidement, le manque de connaissances a été comblé. Or prendre en compte des découvertes scientifiques pour modifier des lois demande toujours un certain temps, le principe de précaution jouant à fond. En 2009, les Etats-Unis ont annulé cette mesure. Y organiser AIDS2012 est une manière de saluer cette décision, que l’on souhaite exemplaire pour la vingtaine d’autres pays qui pratiquent encore une telle interdiction.

Ce sont ensuite les Etats-Unis qui fournissent la moitié des financements pour la lutte contre le sida.

Enfin, l’épidémie de sida y est plus importante que dans les autres pays développés: elle touche 1,2 million de personnes, soit une prévalence de 0,8%. En pourcentage, c’est 10 fois plus qu’en Suisse.

– Sait-on pourquoi?

– Les disparités entre riches et pauvres sont plus grandes qu’en Europe. Or il y a un lien fort entre les difficultés sociales et l’épidémie. Et jusqu’à il y a peu, l’assurance maladie n’y était pas obligatoire: les gens qui ne se faisaient pas soigner ne bénéficiaient pas des conseils médicaux. Enfin, certaines lois ne freinent pas l’épidémie, telle celle qui interdit de soutenir avec de l’argent public les programmes d’échange de seringues usagées.

– Quelle est, en 2012, l’image que le grand public a de l’épidémie?

– En Occident, les gens pouvant vivre longtemps avec la maladie, le sentiment d’urgence et de priorité autour du sida n’en est plus un. Ce qui rend les choses compliquées pour la prévention. En Afrique par contre, ce sentiment reste très perceptible. Or la parole autour du sida y est plus libre qu’on en a l’impression vu d’ici. Mais ce qui est le plus encourageant, c’est que moult gouvernements africains ont compris qu’ils doivent se mobiliser pour enrayer l’épidémie chez eux.

– Plusieurs pays dépendent encore à 100% du financement international.

C’est un problème. Les traitements antirétroviraux (ARV), longs, ne doivent pas être arrêtés. Et mettre en place un accès généralisé implique de modifier complètement la manière dont sont organisés les systèmes de santé, qui s’appuyaient sur le modèle occidental: il y a des hôpitaux modernes dans les grandes villes, mais dans la brousse, il y a très peu d’infrastructures.

– Le changement doit-il donc passer par une décentralisation des centres de soins, comme le préconise un article paru dans «Science»?

– Oui. Il faut qu’il y ait encore plus de gens formés pour délivrer des ARV, pas uniquement des médecins, mais aussi du personnel paramédical. C’est désormais possible car ces traitements sont devenus simples – une pilule trois fois par jour.

– Tout de même, 6,2 millions de personnes étaient sous traitement ARV à fin 2011, soit 56% des Africains nécessitant un tel traitement.

– C’est un progrès énorme; il y a 10 ans, seuls quelques dizaines de milliers de personnes en Afrique et en Asie y avaient accès. On est au milieu du gué, car 13 à 15 millions de personnes ont besoin de traitements dans le monde. C’est pourquoi il faut mettre en place de nouvelles stratégies, telle la décentralisation des centres de soins. Cela coûte certes de l’argent. Mais tous les modèles économiques montrent qu’en faisant un gros effort financier aujourd’hui pour enrayer l’épidémie, cela permettrait de réduire beaucoup les budgets d’ici 15 à 20 ans. Nous essayons donc de convaincre les pays occidentaux d’investir davantage. Mais l’on entend que «c’est la crise». En réalité, la crise est surtout un prétexte pour les gouvernements qui n’ont pas envie d’aborder le sujet. C’est une question de volonté politique. A titre d’exemple, la Russie et la Chine étaient, il y a 10 ans, dans une situation de déni face au sida. La Chine a complètement changé son fusil d’épaule – sans que je m’explique encore pourquoi – et finance presque à 100% ses programmes de lutte antisida. En Russie par contre, les seuls séropositifs, selon les autorités, sont les drogués… Si bien que leur nombre a passé de 80 000 à plus d’un million. En revanche, il est vrai qu’il y a une lassitude sur le modèle en place: les pays occidentaux, où la pression publique par rapport au sida est beaucoup moins grande, ont l’impression qu’ils financent l’intégralité des efforts. C’est donc d’autant plus important que les gouvernements des pays les plus touchés s’engagent aussi davantage. Un exemple: le Rwanda qui, malgré la récente tragédie qui a marqué son histoire, met petit à petit de l’argent dans ses programmes de lutte.

– Outre la dépendance financière, les efforts dépendent aussi du rôle des firmes pharmaceutiques. Voyez-vous un changement de ce côté-là?

– J’aurais tendance à toujours penser que les pharmas peuvent en faire plus. Leurs efforts sur des formulations plus simples des traitements sont louables, mais c’est une idée qui est venue en fait de l’OMS. Certains sont mieux adaptés à la conservation dans les pays tropicaux. Et l’on a fait beaucoup de progrès concernant la prévention de la transmission de la mère à l’enfant. Mais il faut s’atteler aussi aux formulations pédiatriques: couper des cachets en quatre pour obtenir une dose correspondante au poids de l’enfant ne va pas.

Concernant les brevets, je suis raisonnablement optimiste. Certes, ces firmes font aussi des efforts et discutent avec des fabricants de génériques, ou des organisations comme Unitaid ou la Fondation suisse Medicines Patent Pool [qui veut permettre aux malades des pays pauvres d’avoir plus facilement accès aux thérapies anti-VIH les plus récentes]. Or en même temps, les pharmas, qui ont l’impression de souffrir de la crise, sont davantage sur le qui-vive pour maintenir leurs marges bénéficiaires. Elles sont même prêtes à rediscuter, souvent en bilatéral au niveau de l’UE ou des Etats-Unis, ce qui avait été négocié il y a 10 ans avec l’Organisation mondiale du commerce à Doha, à savoir qu’il soit possible, en cas d’urgence sanitaire dans un pays, de produire des médicaments génériques sur la base de leurs molécules sous brevet. Si je me mets à leur place, je comprends ce double jeu, qui leur permettrait d’un côté d’avoir des règles commerciales plus strictes, tout en continuant à lâcher un peu de lest du côté des organisations humanitaires pour écouler leurs produits. J’espère que, sous la pression d’ONUsida, de l’OMS, des ONG, la seconde démarche primera. La conférence de Washington sera très importante sur ce point.

– Qu’en attendez-vous d’autre?

Qu’elle favorise l’implémentation politique des découvertes scientifiques réalisées il y a peu. Comme celle selon laquelle mettre immédiatement sous traitement une personne nouvellement infectée permet de réduire de 96% son risque de contamination, ce qui permet à ces patients d’avoir des rapports sexuels non protégés en prenant le même risque qu’en utilisant un préservatif. Par ailleurs, c’est là une bonne décision en matière de santé publique autant que du point de vue économique: cela sauve des vies, et en plus, on a le bénéfice de la prévention sans avoir son coût.

– Le même genre d’argument est utilisé dans ce qu’on appelle la prophylaxie pré-exposition (PrEP), dont l’idée consiste à mettre sous traitement ARV certaines personnes séronégatives pour les protéger de la contamination (lire ci-dessous). Or ces initiatives sont parfois critiquées, tant elles pourraient induire davantage de comportements à risque…

– Si l’on dispose d’un moyen de prévention autre que le préservatif, la PrEP donc, mais qui vous protège aussi bien, en quoi un comportement, aussi relâché soit-il, est-il encore à risque? Si les études démontrent qu’un comportement auparavant dit «à risque» ne l’est plus grâce au traitement, cette logique ne tient plus. N’est-on pas plutôt en train de poser un jugement moral plutôt qu’un avis de santé publique sur des comportements que l’on ne partage ou n’aime pas?

 

– Et la piste du vaccin préventif?

– Depuis les résultats encourageants annoncés en 2010 sur l’essai mené en Thaïlande, il n’y a pas grand-chose de neuf. Par contre, nous allons divulguer le 19 juillet à Washington une nouvelle stratégie visant, à long terme, à éradiquer complètement le virus VIH ou à le contenir et le rendre silencieux dans les cellules humaines qui lui servent de réservoir. Mais je ne peux vous en dire plus avant cette annonce.

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