Le Vallon de Nant, en-dessus de Bex: une petite vallée idyllique où les scientifiques de l’Université de Lausanne invitent, durant tout l’été, les randonneurs à découvrir leurs travaux en hydrologie, climatologie ou écologie alpine, à travers une série d’excursions guidées.
Ils étaient une vingtaine, ce samedi matin, pour découvrir les coulisses du Vallon de Nant, lové dans une combe spectaculaire des Préalpes. « Si on veut comprendre la morphologie de la rivière aujourd’hui, on a vu qu’on besoin de comprendre l’histoire du plissement de la chaîne alpine, on a besoin de comprendre l’histoire des glaciations qui modèlent le relief, et c’est avec ces ingrédients-là qu’on arrive à comprendre la morphologie du Vallon de Nant », explique Gilles Antoniazza, Maître assistant, Université de Lausanne.
Et son collègue Jonathan Bussard, doctorant en géosciences, d’ajouter: « Est-ce que vous savez pourquoi on appelle ce vallon le Vallon de Nant ? Parce que « nant », en patois, ça veut dire torrent. Lorsqu’il y a un orage, l’eau va se regrouper au sein de ces ravines et déboucher dans la vallée de manière très concentrée. »
Condensé de géologie
Cette région intéresse les scientifiques car c’est un condensé de tous les processus que l’eau peut faire subir à la montagne pour la modeler au fil des millénaires. Des recherches pour mieux comprendre le passé géomorphologique des lieux, mais qui sont très utiles aussi: « Ici, on mesure un certain nombre de paramètres. Le débit d’eau c’est quelque chose qu’on sait faire depuis relativement longtemps. Par contre, les flux de matière, pendant longtemps, on avait beaucoup plus de peine à quantifier, à savoir les sédiments, ou le transport de bois. Et donc ici, à cette station, on arrive à mesurer en continu le transport de bois et de sédiments, par exemple dans les tuyaux qu’on peut voir au bord de la rivière. Et ces données ont une grande utilité pour essayer d’améliorer notre capacité à prévenir les dangers naturels », explique Gilles Antoniaza.
Pour l’organisatrice de ces randonnées guidées, Judith Eeckman, première assistante à l’Université de Lausanne, l’intention est double : « C’est d’abord que les participants se fassent plaisir. Et puis surtout qu’ils se souviennent que la science, ce n’est pas quelque chose d’abstrait, de lointain. Mais quelque chose qu’ils peuvent voir tous les jours ».
Les participants, justement, y ont trouvé beaucoup de plaisir et d’intérêt. « Je trouve passionnant de savoir d’où sort tout cela. Cela fait des années que je me passionne et que j’ai toujours voulu avoir un cours de géologie », dit cette dame de la région. » Qu’a appris cette jeune fille? « Surtout la formation des montagnes : je ne savais pas que cela faisait une sorte de S. Du coup, c’est cela qui m’a le plus intéressé ». Et son copain d’insister sur ses intérêts: « Moi, c’est plus la région en elle-même, comment s’est formé le Vallon de Nant, et la beauté du paysage. Juste rien que pour cela, ça vaut la peine. »
Un relief unique, des scientifiques passionnés, et c’est l’un des plus beaux coins de Suisse qui se raconte en marchant.