Après le SRAS et le H5N1, les instances internationales, l’OMS en tête, étaient mieux préparées que jamais pour gérer en temps réel une nouvelle épidémie, de H1N1 cette fois
Après le SRAS et le H5N1, les instances internationales, l’OMS en tête, étaient mieux préparées que jamais pour gérer en temps réel une nouvelle épidémie, de H1N1 cette fois. L’agence onusienne n’a-t-elle pas adopté un règlement international qui retire aux gouvernements leur droit de veto sur leurs données épidémiologiques? Ce qui a permis de suivre, non sans alarmisme, la progression de la pandémie. Les nations aussi ont fourbi leurs armes; la Suisse notamment en commandant 13 millions de vaccins. Le hic, c’est que, depuis, rien ne s’est déroulé comme prévu. Où sont-ils, les milliers de malades annoncés? Et ce virus inédit, n’est-il pas bien moins perfide qu’attendu? Il est facile de clamer aujourd’hui qu’«on en a trop fait», de crier au loup, qui prend ici les traits d’une industrie pharmaceutique cherchant à écouler ses produits. Depuis ce printemps, chaque décision semble avoir été prise, et communiquée, après avoir jaugé aussi bien que possible les incertitudes avec les données alors à disposition, concernant la virulence du virus, la contagiosité de la maladie. Un dilettantisme des autorités dans le cas où le H1N1 se fût avéré plus mortel aurait été autrement plus décrié.
Mais, quoique timorée ou fuyante, la pandémie reste bien réelle, gardant son lot d’inconnues, notamment sur la façon d’appliquer les vaccins aujourd’hui disponibles. Les tergiversations des autorités, dans la manière notamment d’expliquer aussi franchement et assez tôt ces incertitudes-là, afin de calquer d’aussi près que possible la campagne de vaccination sur une situation qui évolue, risquent, en Suisse, de lui faire prendre un nouveau retard ennuyeux. Cet été, on craignait en effet déjà de ne pouvoir être prêt qu’en novembre, prenant même le risque que la pandémie se soit déclenchée avant. A cela s’ajoute le peu de transparence sur les contrats passés avec les firmes pharmaceutiques.
Depuis quelques semaines, les équivoques, la défiance perceptible dans la population, voire la désinformation se propagent ainsi comme un rhume. C’est désormais cette pandémie-là qu’il s’agit d’abord de neutraliser.
[Download not found]