A travers un projet d’architecture multicéphal présenté en 2012 à la Biennale d’architecture de Venise, le pays des Inuits s’invente un futur moderniste et lumineux
«Dans un monde en mouvance, soumis aux aléas des changements climatiques, le futur n’est pas qu’un destin, c’est le fruit des choix que l’on fait aujourd’hui.» C’est inspirée par ces mots de Minik Rosing, professeur de géologie à l’Université de Copenhague, qu’une équipe d’architectes groenlandais et danois, emmenée par le scientifique d’origine inuite, a imaginé le projet «Possible Greenland», présenté au pavillon danois de la Biennale d’architecture de Venise en 2012. «L’objectif était de susciter la discussion sur les manières de construire un futur viable pour le Groenland, sur les moyens d’exploiter nos ressources et de former une nation, tout en respectant l’environnement et en permettant un développement social harmonieux.»
Divers aspects ont été traités par autant de bureaux d’architectes, telles les questions liées aux façons d’ériger les habitations du futur, entre tradition et modernité, mais aussi les déplacements démographiques historiques et surtout actuels sur l’île, stimulés par le tourisme croissant ou l’arrivée d’industriels appâtés par les richesses du sous-sol. «Nous avons réfléchi aux moyens de transport et de communication qui permettraient au Groenland de développer ses infrastructures», ajoute Johannes Pedersen, du bureau NORD Achitects, curateur adjoint. Ainsi, cet audacieux plan, pour la capitale Nuuk, d’un nouvel aéroport et d’un port marchand interconnectés.
Visions spéculatives ou projets bientôt réels? «Certains vont se développer. Mais la démarche a surtout eu pour effet, vu l’intérêt qu’a suscité le pavillon, de renforcer l’auto-estime de tout le peuple groenlandais», dit l’architecte.
Anneau blanc sur les rochers
Ces divers projets, qui seront bientôt présentés au Danemark, rejoignent, dans leurs lignes architecturales, une autre initiative, qui a vu le bureau BIG remporter en 2011 le concours d’architecture de la future Greenland National Art Gallery, également à Nuuk: un anneau blanc qui épouse les formes du socle rocheux sur lequel il repose. Sublime édifice, qui attend néanmoins encore son financement (environ 35 millions de francs). Ou quand le Groenland s’invente un futur moderniste et lumineux, mais se tâte encore sur les moyens de le concrétiser.