Dans l’Océan Atlantique Sud, un iceberg géant, vaste comme 30 fois la superficie de Paris, menace ces prochains jours d’entrer en collision avec l’île de la Géorgie du Sud, un sanctuaire pour la faune sauvage. Avec le risque de décimer celle-ci.
Il s’appelle A23a. Vu de l’espace, c’est une tache blanche sur l’océan. Mais les mensurations de cet iceberg sont hors norme: 3900 km2, soit 30 fois plus vaste que Paris, une falaise de 50 mètres et 1000 milliards de tonnes de glace.
Détaché de la banquise en 1986, il a stagné pendant 35 ans, avant d’être poussé par les courants marins. Et le voilà qui s’approche dangereusement de la Géorgie du Sud, une île de l’Atlantique Sud contre laquelle il pourrait même se bloquer. Avec des conséquences peut-être mortelles pour la très riche faune, des oiseaux et des otaries surtout, comme le confirme Yvon Le Maho, directeur de recherches CNRS et spécialiste des manchots: « Ce qui pourrait arriver, c’est que les manchots qui sont dans leurs colonies soient empêchés d’aller en mer pour se nourrir, ou pour chercher la nourriture pour leurs poussins. C’est déjà arrivé, pour une colonie de manchots empereurs, à une échelle beaucoup plus petite, c’était un iceberg de taille plus réduite. »
Entraver la navigation
Autre scenario : l’iceberg géant pourrait se briser en mille morceaux, de quoi compliquer la navigation et l’accès à cette île, comme le confirme le capitaine Simon Wallace, l’un des membres du Gouvernement de la Géorgie du Sud, où la présence humaine se résume à quelques dizaines de scientifiques et de techniciens: « Il faut avoir un très grand respect pour l’iceberg. Et avec une telle taille, il peut déposer des milliers de tonnes de glace autour de l’île, ce qui rend les choses beaucoup plus délicates. »
A23a n’est pas le premier géant du genre. En 2020, un autre iceberg, une fois et demi plus grand, avait menacé l’île britannique. Mais cette glace peut aussi induire des effets positifs, en apportant des nutriments dans l’océan pour le phytoplancton qui sert de nourriture à la faune marine, et qui absorbe le CO2.
Des phénomènes qu’étudient les scientifiques, en analysant l’eau de mer: « À mesure que le changement climatique progresse et que la banquise devient instable, de plus en plus d’icebergs géants se formeront, dit Laura Taylor, doctorante au British Antarctic Survey. Donc pouvoir en étudier de près comme celui-ci nous permettra de comprendre les impacts qu’ils auront sur l’océan et tout ce qui les entoure: la faune, les îles, etc… »
Et ainsi de mieux entrevoir l’avenir de ces régions parmi les plus sauvages du globe,