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A Madagascar, avec les aventuriers des plantes perdues

9 octobre 2010
dans Enquêtes
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Des botanistes suisses traquent les espèces rares ou inconnues sur l’île. Ils publient sous peu le catalogue quasi complet de cette incroyable et riche diversité

Machette en main pour s’ouvrir la voie, sangsues collées aux chaussettes, gouttes de sueur perlant sur l’échine, ils jouent les équilibristes sur les racines boueuses. S’enfoncent durant des jours dans les forêts de Madagascar. Campent parfois sous les pluies diluviennes qui s’abattent sur la Grande Ile; là-bas, il peut tomber 5 mètres de précipitations par an. Et sans relâche, lors de chaque périple, ces Indiana Jones de la botanique suisses se remettent en route, à la traque des plantes rares ou inconnues dans ces sombres sylves, les strates de verdure étant si riches et si denses que 90% de la lumière du ciel n’atteint pas le sol.

On dit de ces bois luxuriants, fragiles car ses organismes sont liés l’un à l’autre pour leur survie qu’ils constituent les plus belles forêts primaires de la planète. Un héritage de millions d’années d’évolution, à lire dans les feuilles des palétuviers. Un bijou naturel à préserver.

Depuis la fin du XIXe siècle, cette Arche de Noé organique, dont il ne reste que 10% de la surface boisée originelle (soit 59 000 km2), n’a cessé d’attirer les spécialistes du monde végétal. D’ici peu, l’équipe internationale à laquelle ont contribué ces aventuriers de la science helvétiques publiera le premier répertoire des plantes depuis le Catalogue de Madagascar du botaniste français Henri Perrier de La Bâthie, en 1939. Avec moult découvertes à la clé, dont des espèces, et même un nouveau genre. Une mine d’informations, disponible sur Internet, qui doit aider à prendre de vitesse le fléau dont souffre la Grande Ile: la déforestation.

Alors que le compendium du savant français dénombrait 7370 espèce­s végétales, «le nouveau Catalogue of the Vascular Plants of Madagascar en contient 11 220, dit le biologis­te neuchâtelois Martin Callmander, aujourd’hui au Missouri Botanical Garden (Etats-Unis) et aussi actif aux Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève (CJBG). Et plus de 85% sont endémiques. C’est fabuleux!» Voire unique au monde au regard de la taille du territoire.

Parmi les scientifiques, on qualifie de «hot spots» (points chauds) ces zones du globe hébergeant une biodiversité extrêmement riche. Selon une évaluation publiée en 2000 dans la revue Nature, 44% des plantes vasculaires et 35% des espèces de quatre groupes de vertébrés sont confinés dans 25 hotspots couvrant… 1,4% des terres. Face à l’érosion que subit la biodiversité, une des actions préconisées consiste donc à sauvegarder en priorité ces hotspots. «A Madagascar, il existe encore nombre d’espèces non décrites. On estime le nombre d’espèces végétales à 14 000! On commence seulement à cerner la diversité végétale», dit Martin Callmander.

Depuis plusieurs années que le biologiste se rend dans ces forêts pluviales, emboîtant le pas des premières expéditions lancées en 1995 par le professeur Philippe Küpfer et Sébastien Wohlhauser depuis l’Université de Neuchâtel. A chaque fois, la préparation pour une vingtaine de jours n’est pas une sinécure. «Nous, les vasahas (étrangers), devons d’abord nous présenter au chef du village. Il nous informe sur les rituels et les interdits. Par exemple, dans certaines montagnes du nord, il ne faut pas travailler le mardi, sous peine d’être frappés d’un sort…»

Une fois les guides et porteurs choisis parmi les locaux, il s’agit de passer en revue l’infrastructure nécessaire à l’équipée de 10 à 20 personnes, qui inclut des scientifiques malgaches – une collaboration nécessaire pour effectuer de telles recherches sur place: matériel de camp, nourriture («riz, légumes, boîtes de sardines, poulets vivants») et surtout l’outillage, incluant les échenilloirs (sécateur fixé au bout d’une longue tige pour couper les plantes à distance), les presses et le papier pour constituer les herbiers.

«On part souvent un peu à l’inconnu, en se repérant grâce au GPS, dit Martin Callmander. Grâce aux jumelles, on repère les plantes qui portent fleurs ou fruits. Ce sont ces caractéristiques de fertilité qui permettent de discriminer les espèces.» Les plantes stériles sont à l’inverse difficiles à distinguer. Lors des bonnes journées, entre 20 et 30 «prises» sont faites. Le soir, «il faut sécher la récolte, puis la presser entre du papier – ainsi, la plante ne «bouge» plus. Et répéter la démarche, pour pouvoir envoyer des spécimens dans plusieurs grands herbiers dans le monde.» Certaines plantes sont aussi conservées dans de l’alcool, ou du silica-gel figeant l’ADN, pour être analysées ultérieurement. Un travail fastidieux, «d’autant plus lorsqu’il doit être fait sous un orage tropical…»

«Parfois, je me dis qu’on est un peu fous», témoigne Sven Bürki, ancien doctorant de l’Université de Neuchâtel aujourd’hui aux Royal Botanic Gardens Kew, à Londres, qui raconte avoir souffert de toutes les affections possibles (amibes, malaria, septicémies, intoxications, etc.). «Au fond du sac de couchage, on se demande alors ce qu’on fait là. Mais on est dans l’action, on continue. Car la curiosité est plus forte. Et, à 29 ans, je peux me permettre de vivre cela!» Pour Martin Callmander, c’est «l’envie de comprendre la nature en faisant tout le cheminement – partir, chercher, analyser – qui me motive. C’est un privilège, une chance inouïe.»

D’autant plus lorsque les résultats sont au rendez-vous, une fois le long travail de détermination effectué, au retour dans les laboratoires, après comparaison avec les plantes déjà répertoriées. Durant ces dernières années, les recherches des biologistes suisses ont permis la découverte de dizaines de nouvelles espèces. Récemment, ils ont publié, dans Systematic Botany, la description d’un nouveau genre – le degré taxonomique supérieur à l’espèce. Celui-ci, baptisé Gereaua, fait partie de la famille des Sapindacées, qui regroupe environ 2000 espèces ligneuses (arbres, arbustes, lianes, etc.). «Or découvrir un genre inédit, soit un ensemble d’espèces ayant en commun plusieurs caractères similaires, est un petit événement dans une carrière scientifique», souligne Sven Bürki.

Pour y arriver, les chercheurs ont tiré profit des techniques les plus pointues de biologie moléculaire, aptes à déterminer l’ADN des plantes: «Nous pouvons ainsi distinguer les espèces plus clairement qu’avec de simples descriptions morphologiques», explique Peter Phillipson, du Missouri Botanical Garden. Et le responsable du nouveau catalogue de détailler que «les méthodes de classement ont bien changé depuis 50 ans. Les informations jadis disponibles étaient basées sur des échantillons vieux de 100 à 200 ans, qui ne sont plus représentatifs.» Ce «nettoyage de la taxonomie» n’évite toutefois pas d’âpres discussions entre spécialistes sur ce qui définit précisément une famille…

L’un dans l’autre, toutes ces recherches sont utiles à plus d’un titre. L’un des objectifs est de mieux comprendre la biogéographie, soit la répartition spatiale des plantes ainsi que son évolution à travers les âges. «Grâce aux techniques moléculaires, on peut dater la généalogie des plantes et, en remontant à leurs ancêtres végétaux communs, étudier comment elles se sont dispersées dans le monde», dit Sven Bürki.

L’incroyable endémisme de Madagascar, «qui vogue seul comme un navire dans l’océan Indien depuis 60 millions d’années», poétise Martin Callmander, donne ainsi du fil à retordre aux spécialistes. «Pour l’expliquer, certains misent sur la théorie de la vicariance: des barrières géographiques, telles des montagnes ou la mer, ont pu scinder des écosystèmes et favoriser l’avènement d’espèce diverses. D’autres penchent pour l’idée d’une dispersion d’espèces après la séparation entre Madagascar et l’Inde. Mais grâce à quel vecteur? Des troncs? Les oiseaux?» Des facteurs comme la variété des microclimats de l’île, ou les types de roches, participent aussi à cette formidable diversité.

Afin d’enrichir encore leur réflexion, et de mieux comprendre la flore commune entre l’Afrique et Madagascar, les scientifiques ont aussi fondu leur nouveau catalogue dans l’African Plant Database, base de données développée aux Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève, où les efforts suisses de recherche à Madagascar se concentrent aujourd’hui. «Ces informations sont d’une grande valeur», atteste Peter Phillipson. Mais, pour lui, l’utilité du catalogue est avant tout son immédiateté d’utilisation: «Il y a urgence à mieux connaître cette biodiversité malgache avant même qu’elle ne soit détruite. Pouvoir profiter d’une base de données sur Internet est ainsi beaucoup plus efficace que d’attendre des publications de références.»

L’effort de conservation ne laisse pas insensible la classe politique. «Il y a quelques années, l’ancien président Marc Ravalomanana a décidé le triplement des aires consacrées aux réserves naturelles, dit Martin Callmander. Ce programme est toujours en cours.» Mais, afin de déterminer au mieux quelles zones protéger en priorité, encore faut-il savoir ce qu’elles contiennent. «Il reste beaucoup de travail de récolte, de connaissance de distribution des espèces», conclut le biologiste. Qui prépare déjà, avec ses collègues genevois et malgaches, d’autres expéditions dans le nord de la Grande Ile. Un territoire peu connu mais menacé, qui contient certainement quelques dinosaures végétaux, vénérables survivants de l’histoire biologique de la planète.

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