Ce samedi soir 30 mai 2015 à 20h41 (heures suisses), André Borschberg, à bord du SolarImpulse 2 (Si2), a décollé pour ce qui pourrait constituer un vol record dans l’histoire de l’aviation. L’avion solaire suisse, deuxième prototype du genre, s’est envolé depuis l’aéroport de Nankin, en Chine, pour un périple de six jours et six nuits sans arrêt à travers l’Océan Pacifique, à destination des îles Hawaï.
C’est le vol de vérité. Le moment attendu depuis 12 ans! Ce samedi soir à 20h41 (heures suisses), le pilote André Borschberg, à bord du SolarImpulse 2 (Si2), a décollé pour ce qui pourrait constituer un vol record dans l’histoire de l’aviation. L’avion solaire suisse, deuxième prototype du genre, s’est envolé depuis l’aéroport de Nankin, en Chine, où il était stationné depuis le 21 avril, pour un périple de six jours et six nuits sans arrêt à traver l’Océan Pacifique, à destination des îles Hawaï.
Peu avant le décollage, son compagnon d’aventure Bertrand Piccard, président de Solar Impulse, ainsi que le Prince Albert de Monaco, tous deux au Centre de contrôle de la mission situé dans la principauté, ont souhaité bonne chance au pilote, soulignant l’importance de cette septième étape du tour du monde pour un vol n’utilisant que le solaire comme source d’énergie de propulsion. Et quelques minutes après avoir vu à distance son compère s’envoler dans la nuit, Bertrand Piccard a confié avoir ressenti une immense émotion, sans toutefois verser de larme: «Les larmes coulaient à l’intérieur», a -t-il confié en direct sur le site www.solarimpulse.com. Avant d’ajouter: «Je dois vraiment réaliser que je suis ici, à Monaco. Car une partie de moi est évidement dans le cockpit de l’avion, avec André, qui se trouve désormais seul avec uniquement ses instruments de bord.»
Plus tôt dans l’après-midi, André Borschberg, 62 ans, indiquait sur Twitter avoir fait la promesse à ses amis, à Bertrand Piccard et à sa femme de ramener le Solar Impulse en une pièce à Hawaï. «Ce sera le vol de ma vie», y a-t-il aussi écrit.
Lancé il y a 12 ans, doté d’un budget d’environ 150 millions de francs, et employant quelque 130 personnes, le projet a pour objectif de montrer ce qu’il est possible de réaliser avec des énergies renouvelables. L’idée de l’aérostier et psychiatre vaudois Bertrand Piccard, concrétisée par l’ingénieur-entrepreneur et pilote de chasse nyonnais André Borschberg, était de construire un avion capable de voler jour et nuit sans interuption, rechargeant le jour, grâce à plus de 17000 cellules solaires installées sur ses ailes, des batteries qui servent à faire fonctionner ses moteurs électriques surtout la nuit. «Le seul facteur limitant, et qui empêche un vol perpétuel, est désormais le pilote», ne cessaient de rappeler les deux pilotes.
Durant les six prochains jours, et autant de nuits, pour cette étape de 8172 km, André Borschberg sera contraint de ne dormir, ou se reposer, que par tranches de 20 minutes, répétées environ une dizaine de fois par jour. Chaque jour, le pilote affrontera des altitudes autour de 28 000 pieds (8400 mètres) et des variations de température de 55 degrés dans la cabine monoplace non pressurisée du Solar Impulse 2. «Comment vais-je vivre dans cet environnement minuscule en grimpant l’Everest tous les jours, en passant de l’hiver à l’été chaque jour du fait des changements de température, en me reposant seulement 20 minutes à chaque fois?», s’est-il demandé dans un entretien accordé à l’AFP. Pour se sustenter, le pilote emporte avec lui huit bouteilles d’oxygène, 21 litres d’eau et 15 kilos de nourriture. Des mets à tiédir pour le soir, des lunchs froids et des petits-déjeuners de céréales au lait en poudre.
La décision de l’avoir fait voler lui plûtot que Bertrand Piccard pour ce vol record découle d’une «longue discussion et pas mal de réflexions», confiait-il au début du mois de mai au Temps. «On avait le choix entre, d’un côté, l’explorateur, l’aérostier qui a déjà fait une ou deux traversées. De l’autre, le pilote expérimenté. Vu qu’il s’agit d’un avion, et que c’est finalement le pilotage qui peut devenir très important, surtout en cas de grosse fatigue, on s’est dit que l’expérience de pilote était plus importante, et que ce serait moi pour LE vol d’exploration, le moment de vérité.»
En cas de panne grave en vol, l’aventurier devra sauter en parachute dans l’océan, à des centaines de kilomètres de tout secours, mais avec un canot gonflable de secours et des vivres pours quelques jours. Aucun navire ne peut en effet suivre à la trace l’appareil, qui volera à une vitesse maximum de 90 km/h à basse altitude et de 140 km/h dans les couches supérieures.
S’il accomplit son vol avec succès et se pose à Hawaï dans 120 à 140 heures, le pilote suisse écrira son nom dans la longue histoire de l’aviation, en ayant réalisé le vol le plus long en solitaire, qui plus est à bord d’un avion solaire. C’est alors son collègue Bertrand Piccard qui prendra quasiment immédiatement les commandes, si la météo le permet, pour achever cette traversée de l’Océan Pacifique et se poser à Phoenix aux Etats-Unis, quatre jours plus tard.
Solar Impulse 2 est parti le 9 mars depuis Abu Dhabi, aux Emirats Arabes Unis, pour accomplir un tour du monde en douze étapes (en principe) et 35 000 km. Il a ensuite fait escale au sultanat d’Oman, en Inde, en Birmanie puis en Chine. L’aventure devrait se terminer à Abu Dhabi, son point de départ, entre fin juillet et début août, si tout se passe bien.