Ce 30 novembre 2023 s’ouvre à Dubaï la grande Conférence de l’ONU sur les changements climatiques, 28e du nom. 70’000 négociateurs sont attendus, dont plusieurs chefs d’Etats. L’occasion de faire à nouveau le point sur les Accords de Paris de réductions des émissions de gaz à effet de serre, signés en 2015. Des engagements qui ne suffiront pas pour limiter la hausse des températures à 1,5°C d’ici 2100.
L’année 2023 fut celle de tous les records :
– Année probablement la plus chaude depuis le début des mesures, avec en moyenne 1,32°C de plus qu’avant l’ère industrielle entre octobre 2022 et octobre 2023:
– Des océans dont la température moyenne atteint du jamais vu : près de 20,96°C en août dernier. Avec un impact négatif sur la faune, et sur leur capacité à absorber du CO2.
– Et aux pôles, des banquises qui fondent comme jamais, comme ici en Antarctique, avec une perte de 1,75 millions de km2, soit environ 10% par rapport à la surface moyenne de 30 ans mesurée entre 1981 et 2010:
Ces chiffres inquiètent la directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement, qui a présenté récemment nouveau rapport (Emission Gap Report): « Il faudra des efforts énormes pour éviter que ces records ne soient battus année après année », dit Inger Andersen.
L’une des causes de ce réchauffement: les émissions de CO2, bien sûr. La concentration de ce gaz dans l’atmosphère a augmenté de 50% depuis la Révolution industrielle, et surtout depuis 1960.
Une grande partie vient de la combustion d’énergies fossiles. En 2022, après une baisse des émissions en 2021 due à l’épidémie de COVID, 57,4 milliards de tonnes d’équivalent CO2 ont été émises – là aussi, un record
Si l’on ne fait rien d’ici 2030, cela conduirait à une hausse globale de 3°C en 2100. Avec de lourdes conséquences : perte de biodiversité, hausse du niveau des mers, exode de milliards de personnes. Et même si l’on respecte les engagements de Paris, cette hausse serait tout de même de 2,5°C, au moins, d’ici la fin du siècle. Avec là aussi des conséquences importantes pour la planète.
Pour atteindre seulement 2°C de plus en 2100, les émissions devraient baisser de 28% en plus des Accords de Paris, durant les 7 prochaines années, soit l’équivalent de 11 à 14 gigatonnes de CO2. Et pour ne pas dépasser 1,5°C de plus en 2100, le seuil considéré comme tolérable, cette réduction devrait être de 42% dans les 7 ans (entre 19 et 22 gigatonnes de CO2). C’est énorme ! Autant que les émissions annuelles des Etats-Unis, de la Chine et de l’Union européenne réunies. Et les chances estimées d’y arriver sont seulement de 14%…
Réduire ces écarts constitue donc un immense chantier, presque illusoire. Mais non plus totalement impossible, pour le secrétaire-général de l’ONU Antonio Gutteres: « Nous avons qu’il est encore possible de faire de la limite des 1,5°C une réalité. Cela demande de traiter le mal à la racine : renoncer aux combustibles fossiles. Et cela exige une transition juste et équitable vers les énergies renouvelables »
Un défi qui sera justement au cœur des discussions de cette conférence de Dubaï.