Aujourd’hui, la science du climat est solide, le réchauffement jugé «sans équivoque», et ses causes «extrêmement probablement humaines»
«The heat is on. Now we must act!» En huit mots, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a résumé le contenu et le message de ce premier tome du 5e rapport du GIEC, décrivant le coup de chaud que subit notre planète et la nécessité d’agir maintenant.
D’abord, les experts du climat – tous des scientifiques pour ce premier volume – ont livré un document résumant l’état actuel de la science, avec ses incertitudes. Mais ni plus ni moins. Des connaissances qui, depuis vingt-cinq ans et le premier rapport du genre, n’ont cessé de s’affermir. Et cette fois, les responsables du GIEC ont bien souligné la distinction à faire entre cette tâche d’évaluation des résultats de recherche existants d’une part, et d’autre part un quelconque activisme politique, dans lequel on les a parfois accusés de trop verser. En ce sens, avec clarté et modestie mais fermeté, ils ont achevé de restaurer l’image du GIEC, ternie par les récentes affaires: le «Climategate», qui a dévoilé des courriels tendancieux échangés entre climatologues; l’«Himalayagate», autour d’une erreur sur la fonte des glaciers de la région.
Aujourd’hui, la science du climat est solide, le réchauffement jugé «sans équivoque», et ses causes «extrêmement probablement humaines». Qu’il faille ou non lancer la réalisation d’un 6e rapport – un processus très lourd et long – est une autre question, pertinente à l’heure d’une possible actualisation quasi instantanée des savoirs grâce à Internet, et que doivent désormais se poser les responsables du GIEC.
Surtout, le rapport fourni hier rappelle une fois de plus les dirigeants à leurs responsabilités. A lire leurs premières réactions, l’on a pu croire que certains attendaient cette piqûre de rappel externe pour se souvenir du problème. Ou qu’ils trouvaient là un parfait prétexte pour réaffirmer leur mobilisation devant une population lassée par cette thématique, elle-même brouillée par certaines polémiques lancées par les climatosceptiques. En réalité, tous – même les Etats-Unis et, avant tout, la Chine, noyée dans le smog qu’elle génère – le savaient déjà: que l’on parle de réchauffement climatique ou alors d’exploitation des ressources, de dégradation du cycle de l’eau, de pollutions diverses et de leurs impacts sur la santé, il n’est plus possible de gérer la planète comme on le fait actuellement.
Ce qu’il faut désormais, ce ne sont plus des nouveaux savoirs scientifiques, c’est de l’ambition politique. Les dirigeants de ce monde ont au plus deux ans, avant la conférence de l’ONU prévue à Paris en 2015 afin de donner une suite appropriée au Protocole de Kyoto, pour en retrouver.