Le riz doré semble bel et bien avoir le potentiel de sauver des millions de vies, en tous les cas de faire partie de l’arsenal permettant de lutter contre la malnutrition
La polémique sur les OGM est repartie de plus belle récemment, avec le retour sur la scène médiatique du «riz doré», un riz génétiquement modifié dans le but de servir, chez ceux qui en manquent, de source de l’indispensable vitamine A.
Aujourd’hui, les mêmes arguments sécuritaires concernant de possibles contaminations agricoles et des effets sur la santé sont ressortis, comme si aucun enseignement n’avait été tiré depuis l’avènement des OGM de première génération, il y a une trentaine d’années. Si ceux-ci étaient largement destinés à l’agriculture, et avaient pour but de faire résister une plante à un herbicide délétère pour elle, les OGM de deuxième et troisième générations touchent, eux, des produits directement accessibles par les consommateurs. Tel le riz doré.
Surtout, la recherche dans ce domaine a fait d’énormes progrès, les nouvelles techniques permettent d’insérer de manière infiniment plus ciblée des gènes dans un code génétique, accentuant ainsi leur efficacité à s’exprimer et réduisant la nécessité de faire de très nombreuses modifications génétiques. Ces avancées, certes complexes, le grand public voire souvent les politiciens les ignorent. Tous restent campés sur des positions fixées lors des premiers débats.
Il est dès lors plus facile et efficace pour les organisations opposées à cette technologie, comme Greenpeace, de rester radicales, d’afficher une «tolérance zéro», de refuser par principe toutes nouvelles avancées pour lesquelles les bénéfices surpasseraient les éventuels risques, que d’évaluer celles-ci une à une, voire d’en tolérer certaines. Comme le dit l’un des responsables de l’ONG, «si l’on perd la bataille du riz doré, l’on perd la guerre des OGM».
Le riz doré semble pourtant bel et bien avoir le potentiel de sauver des millions de vies, en tous les cas de faire partie de l’arsenal permettant de lutter contre la malnutrition. Avec confiance mais prudence, il faut mener à bien les derniers essais plutôt que de les empêcher à tout prix.
Au lieu de s’adonner à une bataille dans les rizières, Greenpeace doit se demander si, concernant les OGM, elle ne se trompe pas de guerre.