Des chercheurs de l’Ecole suisse d’archéologie en Grèce ont retrouvé, en Grèce, l’épave du navire romain sur lequel a été transporté le fameux mécanisme d’Anticythère, sorte de cadran très ancien indiquant les phases de la Lune du temps des Grecs. Une découverte importante pour la suite des fouilles.
L’histoire commence en 1901 : des pêcheurs d’éponges découvrent des centaines d’objets au fond de l’eau, près des côtes de l’île perdue d’Anticythère. Une riche cargaison que connait bien Lorenz Baumer, professeur d’archéologie à l’Université de Genève: « Nous avons à faire avec un bateau de commerce rempli de statues destinées à décorer des villes et des places publiques à Rome. Mais il comprenait d’autres objets comme des amphores de vin, d’huile d’olive et – pas des moindres – le célèbre mécanisme d’Anticythère. »
Il s’agit là d’une sorte d’horloge, équipées de dizaines mécanismes et de roues dentées, indiquant les phases de la Lune ainsi que la course des planètes principale, qui date du 1er siècle avant Jésus-Christ. Un objet absolument fascinant pour l’époque déjà. Et qui intrigue aujourd’hui encore nombre d’histoire, ébahis par l’ingéniosité des savants de l’époque.
A tel point que cette machine nourrit la science-fiction et devient le fil rouge du film «Indiana Jones et le cadran de la destinée», qui y voit une machine à voyager dans le temps. Dans ce film, on voit notamment le héros joué par Harrison Ford plonger vers une grande épave, près de l’île d’Anticythère, en Mer Egée.
Modèle en 3D
Mais la réalité est différente: car si le trésor d’Anticythère a pu être remonté, l’épave, elle, manquait encore à l’appel. Elle vient d’être mise au jour par une équipe de l’Ecole suisse d’archéologie en Grèce.
Pour la trouver, les scientifiques ont d’abord reconstruit un modèle en trois dimensions de la côte, non loin de l’île d’Anticythère, où l’on voit une falaise abrupte arrivant, à 50 m de profondeur, sur un plateau sablonneux. « Mais ce que vous ne voyez pas sur ce modèle, c’est l’épave!, sourit Lorenz Baumer Tout est couvert d’une part par le sable, d’autre part par des grands rochers qui sont tombés sur le site. »
Or extraire ces a représenté un gros défi, comme l’explique Mathias Buttet, ingénieur chez Hublot, une marque horlogère qui entreprend toutes les fouilles techniques pour le compte de l’Université de Genève à cet endroit: « Pour dégager ces gros rochers, on a mis en place un système de ballons, qui, par le principe d’Archimède, peuvent soulever ces gros blocs de roche de plus de 1′ tonnes. » Et le passionné de poursuivre: « Le défi dans ce genre d’opération, c’est de soulever ces rochers sans qu’ils retombent sur le site au risque de tout casser ».
Un deuxième bateau!
De quoi permettre ensuite à des plongeurs professionnels de dégager un mètre carré de la coque du bateau dans son emplacement d’origine. « Et cela c’est une information extrêmement importante, parce qu’elle nous permet, dans le futur, de choisir une approche beaucoup plus systématique: nous savons maintenant dans quelle direction il nous faut continuer nos recherches pour comprendre le navire dans son ensemble. » Ce navire, et un autre. Car les scientifiques ont pu confirmer, 200 mètres plus loin, l’existence d’une deuxième épave.
Avec à bord d’autres trésors, et peut-être une seconde machine d’Anticythère!
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