Depuis une année, les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) effectuent des greffes de peau de cabillaud sur des patients présentant de graves plaies ouvertes. Ces interventions aux effets prometteurs pourraient se multiplier à l’avenir.
A la suite d’une opération au dos, Maria a souffert d’un ulcère de la peau. Et pour soigner cette grosse infection et favoriser la cicatrisation, on lui a proposé une solution étonnante: une xénogreffe, à savoir l’utilisation d’un organe animal pour soigner un être humain.
En l’occurrence, c’est une peau de cabillaud qui a été utilisée sur ses plaies. Et Maria est aujourd’hui quasiment tirée d’affaire. Témoignant dans le 19h30, la patiente et sa fille se disent surprises de ce résultat aussi rapide. « Mais c’est génial », s’enthousiasment-elles.
Des patients davantage curieux que surpris
Quant à Damien Pastor, médecin-chef aux HUG qui a déjà réalisé environ septante greffes de ce type, il assure avoir essuyé très peu de refus quand il a proposé ce substitut cutané un peu original et il constate que les patients sont davantage curieux que surpris quand on leur propose une greffe de peau de poisson. « Ils veulent savoir d’où ça vient et comment on en est arrivé jusque-là. »
« Il faut prévenir le patient et les soignants: quand on ôte le pansement, ça sent le poisson », explique aussi le dermatologue et expert en soin des plaies. Cette odeur, que l’on peut prendre à tort pour une infection, disparaît complètement au bout d’une semaine. Au niveau esthétique, il n’y a pas de trace d’écailles, précise-t-il.
>> Voir aussi: ANALYSE: Greffer des peaux de poissons à des patients: utile, efficace et rentable!
Des réticences vite oubliées
Quand un représentant de l’entreprise islandaise qui commercialise ce substitut de peau à base de cabillaud l’a approché, Damien Pastor était plutôt réticent par rapport à un énième produit pour les plaies. Mais les résultats obtenus sur son premier patient l’ont convaincu.
Cet homme avait une importante plaie sur le crâne après l’ablation d’un carcinome cutané: l’os était à nu, avec un risque d’infection très élevé. Le spécialiste a posé la peau de poisson après avoir incisé l’os afin de faire migrer les cellules dans la membrane de cabillaud. La plaie a ensuite été mise sous vide à l’aide d’une pompe.
En trois semaines, le processus de cicatrisation était reparti. Une deuxième application du substitut cutané et une greffe finale de peau ont permis de complètement refermer la plaie. Depuis, le chef de clinique a réitéré cette technique sur deux autres patients. Une publication scientifique sur cette méthode est en préparation.
Mais pourquoi le cabillaud? Parce que ce poisson blanc a des « propriétés intéressantes », selon Damien Pastor, et en premier lieu une structure de peau similaire à la peau humaine, à savoir enfeuillée et poreuse. Ensuite, comme elle est dépourvue de cellules vivantes, il n’y a pas de risque de rejet suite à une réaction immunitaire disproportionnée.
Mais pourquoi le cabillaud? Parce que ce poisson blanc a des « propriétés intéressantes », selon Damien Pastor, et en premier lieu une structure de peau similaire à la peau humaine, à savoir enfeuillée et poreuse. Ensuite, comme elle est dépourvue de cellules vivantes, il n’y a pas de risque de rejet suite à une réaction immunitaire disproportionnée.
Une peau comme un échafaudage
La peau de cabillaud est utilisée comme une matrice qui va être habitée par les cellules du patient. « C’est un peu comme un échafaudage », explique encore le dermatologue. La peau de poisson va au final complètement s’intégrer dans la plaie, accompagnant ainsi le processus de cicatrisation et reformant un tissu souple et fonctionnel.
Et « suite à l’application de la peau de poisson, vous n’allez pas vous transformer en poisson, vous n’allez pas avoir d’écailles qui vont pousser sur votre peau », rassure encore Damien Pastor.
La société islandaise spécialisée dans la commercialisation de ces peaux de poisson à des fins médicales s’occupe du processus de conditionnement. Les peaux de cabillaud sont nettoyées à l’eau, décellularisées et écaillées à la main avant d’être lyophilisées. Elles sont ensuite mises dans des emballages stériles permettant une conservation de trois ans.