La RTS a tourné son regard vers la Lune cette semaine. Dans une série de quatre épisodes, le 19h30 a investigué les problèmes à résoudre en vue d’une conquête de notre satellite, plus d’un demi-siècle après le dernier alunissage.
Simuler le retour sur la Lune (30.09.2024)
Un hangar simulant l’environnement lunaire vient d’être inauguré au Centre européen des astronautes à Cologne. Neuf cents tonnes de roches de Norvège ou de l’Etna ont été concassées pour reproduire le régolithe, cette fine poussière abrasive qui complique toute manœuvre et s’infiltre partout.
L’installation, appelée LUNA, doit permettre l’entraînement des astronautes et le test de matériel pour de futures missions. Pour simuler une gravité six fois plus faible que sur Terre, les cobayes seront suspendus au plafond avec d’immenses élastiques.
Trouver un endroit où s’abriter (01.10.2024)
On envisage aujourd’hui non seulement de se rendre sur la Lune, mais également d’y séjourner pour une longue durée. En 1969, l’équipage d’Apollo 11 était resté 21 heures et 36 minutes sur la surface de notre satellite.
Les défis d’une installation humaine sont néanmoins nombreux: comment se protéger des radiations? Comment amener sur place les matériaux nécessaires à la construction des abris?
Au laboratoire des missions futures de l’Agence spatiale européenne (ESA) à Cologne, on réfléchit aussi à la manière de bâtir des habitations sur la Lune. Du régolithe pourrait servir de base à leur construction. « Nous prenons du régolithe lunaire et nous l’amenons dans un système où nous pouvons le mélanger avec du plastique », explique Aidan Cowley, responsable scientifique. « Nous utilisons ce mélange pour fabriquer un filament que nous apportons ensuite à nos imprimantes 3D. Celles-ci sont capables d’imprimer des formes géométriques comme des briques. »
Autre possibilité: étendre une couche de poussière lunaire sur une structure gonflable à l’aide d’un robot-pelleteuse. Reste à savoir comment transporter ces appareils sur 384’400 kilomètres.
NB: Pour ce volet, j’ai réalisé l’interview du spécialiste de l’ESA et réuni toutes les images de synthèse, tandis que mon collègue Julien von Roten a fait le montage, également avec les images tournées à Londres par Clément Bürge
Garder la santé (02.10.2024)
Autre casse-tête: comment assurer que l’être humain reste en bonne santé? Notre organisme est adapté aux conditions terrestres.
Depuis que des astronautes vivent en orbite dans les stations spatiales, les risques de la vie en apesanteur sont bien connus. Les muscles fondent, les os se fragilisent et le sang afflue vers le cerveau, altérant ses capacités.
Pour contrer ces effets, les résidents de la Station spatiale internationale s’astreignent à deux heures d’exercice chaque jour. Les scientifiques cherchent donc d’autres parades, qui pourraient aussi être utiles sur la Lune et sa faible gravité.
Manger assez (03.10.2024)
Comment, enfin, se nourrir en suffisance? Les chercheurs tentent d’élaborer des systèmes de culture qui permettent aux futures missions d’être autonomes. « Sur la Lune, les plantes seront soumises au stress à cause de la composition du sol et de la faible gravité », explique Juan Hernández, responsable du laboratoire de biotechnologie végétale du Green moon project, dont le siège est à Málaga en Espagne.
« Nous avons identifié des micro-organismes et des micro-algues qui peuvent les aider à supporter ce stress », indique-t-il. « Le radis par exemple donne d’excellents résultats. Il réagit très bien aux micro-organismes. Pour la salade, c’est plus difficile, on doit encore affiner nos recherches », pointe-t-il.
Toujours en Espagne, une usine expérimentale de l’ESA située à Barcelone tente de cultiver des aliments avec des déchets humains.
« Le nitrate extrait de l’urine des astronautes sert d’engrais aux plantes. Ces plantes absorbent le dioxyde de carbone de la respiration des astronautes et produisent de l’oxygène. », détaille Francesc Gòdia, le directeur général de l’usine. « La prochaine étape sera de tester l’installation avec tout un équipage, on espère le faire d’ici dix ans! »
NB: Reportage réalisé par Auriane Loizeau