Jupiter et ses lunes n’auront bientôt plus de secret ! Le 13 avril, l’Agence spatiale européenne doit lancer la mission JUICE pour étudier la plus grosse planète du Système solaire. A bord, un instrument construit par l’Université de Berne, qui doit servir de « nez » à la sonde.
Dans les laboratoires de l’Université de Berne, un spectromètre est installé dans une chambre à vide grosse comme un tonneau. Son double parfait est installé sur la sonde JUICE, et fait partie des onze instruments qui doivent étudier Jupiter et ses 79 lunes. Pour autant qu’il soit encore fonctionnel une fois arrivé sur place. Pour s’en assurer, les ingénieurs lui ont fait passer une batterie de tests.
« Ici nous simulons le vide de l’espace et les autres conditions que l’instrument va voir dans l’environnement proche de Jupiter, dont les variations de température dues à l’exposition au soleil ou non, explique Thierry De Roche, ingénieur à l’Université de Berne. Et dans la pièce d’à côté, nous avons aussi un banc de vibration pour simuler les vibrations qu’il va voir pendant le lancement de la fusée. »
Le décollage est prévu depuis Kourou, à bord d’une fusée Ariane-5. Suivra un voyage de 8 ans, avec plusieurs passages près de la Terre et de Venus, qui agiront, par effet de gravité, comme autant de coups d’accélération. Et en 2031, arrivée dans le système de Jupiter.
Mondes glacés mystérieux
Mais ce sont bien les lunes de la géante gazeuse qui sont au cœur de la mission. Des mondes de glaces encore bien mystérieux. Avec, pour la première fois, une mise en orbite autour de l’une d’elle, Ganymède, à seulement 400 km d’altitude. Et c’est là que l’instrument bernois entrera en action. Son rôle : aspirer un peu de la très fine atmosphère de ces lunes, et traquer in situ les gaz présents (oxygène, hydrogène ou autre), qui semblent jaillir des océans situés sous la croute de glace.
C’est pour cette raison que le spectromètre a été installé à un emplacement dégagé sur l’enveloppe de la sonde, comme l’explique André Galli, astrophysicien à l’Université de Berne: « C’est très important de mieux connaître les abondances chimiques de l’atmosphère de la surface des lunes glacées, car cela nous donnera des indications sur les océans glaciers, et si la vie, telle qu’on la connaît sur Terre, pourra y exister. »
Trouver de la vie sur Ganymède, les scientifique l’espèrent d’autant plus pour une autre raison: c’est l’unique lune du Système solaire à avoir un champ magnétique.Un bouclier qui protège sa surface du vent solaire qui détruit tout, comme c’est le cas sur Terre.
Pour lever ce voile, rendez-vous est donc pris en 2031 avec les 2000 chercheurs de cette mission à 1,6 milliard d’euros.