Inauguré samedi en présence du président de la Confédération Alain Berset, le Portail de la science du CERN ouvrira ses portes au public dès dimanche. Pensé comme un lieu éducatif, il propose des expositions et des ateliers, destinés notamment à éveiller l’enthousiasme de la relève.
« Ce truc, là? « C’est un trajectographe. Il permet de mesurer la trajectoire des particules », répond avec assurance Elise, du haut de ses douze ans. Son père travaille au CERN. Elle fait partie des quelques dizaines d’enfants présents ce samedi pour animer les expositions et ateliers immersifs organisés pour l’inauguration du Portail de la science, le nouveau centre dédié à l’éducation et à la communication scientifique au grand public, en particulier les jeunes.
« Nous voulons montrer l’importance de la recherche fondamentale et de ses applications pour la société, insuffler à tous ceux qui viennent ici la curiosité et la passion de la science, et inciter les jeunes à embrasser des carrières dans les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques », a déclaré Fabiola Gianotti, directrice du CERN, lors de la cérémonie d’inauguration donnée en fin de matinée devant la presse, des représentants des autorités et des centaines d’invités.
Invité à couper le ruban, le président de la Confédération Alain Berset a décrit avec une pointe d’humour le lieu comme « une HEP, une haute école des particules, dispensant une formation accélérée » sur les lois de la physique. « Puisse ce portail de la science devenir un lieu de transition douce vers un choix de métier d’avenir », a-t-il ajouté.
Un lieu de rencontres, modulable
Décrit en outre comme un lieu alliant l’art et la science, le nouveau bâtiment, dont la construction a débuté le 21 juin 2021, a été conçu par l’équipe du bureau d’architectes italien de Renzo Piano Building Workshop, réalisateur du musée Paul Klee à Berne par exemple. Elle a travaillé en collaboration avec le bureau carougeois (GE) Brodbeck Roulet Architectes Associés qui a notamment créé l’emblématique pont Wilsdorf reliant les quartiers de la Jonction et des Acacias à Genève.
Pensé comme « un lieu où les gens se rencontrent « , a souligné Renzo Piano, le bâtiment du Portail de la science s’inspire de la structure tubulaire des accélérateurs du CERN. Il comprend cinq zones abritant des expositions, des laboratoires et un auditoire, ainsi qu’une boutique et un restaurant.
Les espaces peuvent être configurés de manière flexible, en fonction des besoins. Les panneaux en verre transparent et les ponts illustrent l’ouverture de la science, la collaboration transfrontalière et de la culture.
« C’est un pont, au sens réel, mais aussi métaphorique du terme avec l’Univers et la nature, a ajouté Renzo Piano, le bâtiment est alimenté par l’énergie du soleil, posé au milieu d’une nouvelle forêt ». Près de 4000 mètres carrés de panneaux solaires ont été installés, fournissant plus d’énergie que les besoins du bâtiment et plus de 400 arbres ont été plantés, plaçant l’ensemble du campus dans une forêt vivante
Environ 100 millions de francs
Le coût global s’est élevé à environ 100 millions de francs, financés exclusivement par des dons. En particulier par la Fondation Stellantis (à hauteur de 45 millions de francs), présidée par John Elkann, petit-fils de Gianni Agnelli et héritier du groupe Fiat, également présent. La cérémonie d’inauguration a d’ailleurs eu lieu dans l’auditoire de 900 places baptisé du nom du précédent directeur du groupe Fiat-Chrysler, Sergio Marchionne, devant un parterre de journalistes italiens. Parmi les autres donateurs figurent notamment la fondation Hans Wilsdorf, la fondation LEGO ou encore la Loterie Romande.
« L’an dernier, le CERN a accueilli 150’000 visiteurs et n’est parvenu qu’à combler la moitié de la demande », notamment celle d’étudiants, a relevé Fabiola Gianotti. Le nouveau lieu, décrit par sa directrice comme « un centre de formation et non un musée », s’attend à accueillir plus d’un demi-million de visiteurs par an, gratuitement, du mardi au dimanche, afin « d’éveiller un maximum de vocations auprès de la relève et faire face aux grands enjeux de notre société ». Comme la jeune Elise et ses amies Claire et Vasiliki, peut-être, qui confient décrire ce trajectographe avec une certaine passion. (ATS/JFE)