La construction de l’avion solaire révolutionnaire avance. Celle de son hangar à Payerne débute aujourd’hui.
C’est aujourd’hui qu’est posée, sur l’aérodrome de Payerne, la première pierre de la nouvelle halle du Bureau fédéral d’enquête sur les accidents d’avion. La fonction de cet immense hangar de 80 mètres de large pour 25 de profondeur sera d’accueillir les débris d’un éventuel crash ayant lieu sur sol suisse. Mais il hébergera d’abord Solar Impulse. Cet aéronef révolutionnaire qui sera propulsé uniquement à l’aide d’énergie solaire est en bonne voie de construction (LT du 6.11.07). Entretien avec son directeur exécutif, André Borschberg.
Le Temps: Le lancement de ce chantier à Payerne, après moult incertitudes, doit vous réjouir…
André Borschberg: Tout à fait! Le hangar devrait être prêt dès cet automne pour nous accueillir.
– Récemment, tout ou son contraire a été écrit concernant l’agenda de construction de Solar Impulse. Qu’en est-il exactement?
– Nous avançons bien. Il y a peu, nous avons fait de vastes simulations de vol pour évaluer la contrôlabilité de l’avion en l’air, notamment concernant la géométrie finale des ailes. Les résultats de ces tests ont conduit à faire évoluer un peu notre calendrier. Nous envisageons un roll-out [présentation, ndlr] de l’avion pour fin 2008, au lieu d’octobre, puis des vols d’essais à un mètre du sol à Dübendorf début 2009. Pour nous, le plus important n’est pas de tenir absolument l’agenda – nous ne sommes pas dans le commerce -, mais d’avoir un avion adéquat. Car nous sommes encore dans une phase d’optimisation; chaque pièce est éprouvée. La semaine passée par exemple, nous avons testé le cockpit en situation réelle.
– Comment?
– Le cockpit est composé d’une coque légère faite de mousse spéciale et de matériaux composites qui, en incluant la verrière, pèse moins de 10 kg! Nous voulions tester son comportement aérodynamique et sa résistance. Nous l’avons alors installé sur un camion, qui roulait à 100 km/h sur la piste de Dübendorf. Ceci avec le nez tantôt de face, tantôt légèrement de biais. J’étais à l’intérieur. Et j’ai ressenti un immense sentiment de sécurité et de bien-être par rapport à ce que je connaissais de la fragilité de la pièce… Et résumé, on peut dire que tout s’est très bien passé, et que le design du cockpit est arrêté.
– Quelle est la prochaine étape cruciale dans votre programme?
– Le vol virtuel, entre le 12 et le 16 mai. Comme l’an dernier, l’objectif est de simuler en temps réel les conditions d’ensoleillement sur un parcours potentiel de l’avion. Mais cette fois, nous ferons beaucoup mieux: nous installerons le pilote, tantôt Bertrand Piccard, tantôt moi-même, dans l’habitacle pour une durée de vingt-cinq heures chacun, avec équipement, casque, parachute, nourriture, etc. Ceci afin de reproduire les conditions d’un vol réel. A l’aide de cinq projecteurs, le simulateur de vol projettera des images de paysage sur un écran panoramique. Cet outil permettra alors de simuler par exemple des turbulences asymétriques dans l’air, et le pilote devra réagir avec les instruments de bord comme s’il se trouvait en l’air. L’objectif est de tester l’ergonomie du cockpit, ainsi que nos interactions avec lui.
– Et concernant le financement du projet, où en est votre quête du quatrième sponsor principal?
– Nous avons quelques pistes; nous souhaitons le trouver en Asie ou aux Etats-Unis, pour donner une visibilité mondiale au projet. Mais cela ne constitue pas un élément critique pour l’instant, car la construction du prototype actuel est assurée avec le financement existant. Sinon, la recherche de sponsoring à des niveaux moindres fonctionne bien. Mardi, Toyota Suisse nous a ainsi accordé son soutien, sous la forme de voitures hybrides que la société nous prêtera. Car cela cadre parfaitement avec le message favorable à la protection de l’environnement et au développement durable que nous souhaitons faire passer au travers de Solar Impulse.