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Carnet rose chez les gypaètes

16 février 2007
dans Reportages Suisse
Carnet rose chez les gypaètes
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Le Temps - Media - Publishers

«En 2005, on attendait l’événement avec impatience. En 2006, on pensait que cette année-là serait la bonne.» Pour l’heure, les nids sont toujours vides. En se lançant, vendredi dernier, sur la route enneigée de Derborence, Raphaël Arlettaz ne perdait pas espoir.

Voilà vingt ans que ce zoologue, biologiste de la conservation à l’Université de Berne se promet d’assister, qui plus est dans son Valais natal, à ce qui serait une première en Suisse depuis cent vingt ans: la ponte puis la naissance en liberté d’un gypaète barbu. Mais la saison avance. Et si la femelle du couple occupant les lieux, mature depuis deux ans, veut pondre, c’est d’ici à la fin du mois qu’elle devra le faire. «Si rien ne se passe ce printemps, nous serions déçus.» La période actuelle est donc cruciale. Départ à pied, comme tous les quinze jours, pour une vérification sur le terrain.

Au loin, la large échancrure rocheuse qui sert d’accès au cirque montagneux de Derborence reçoit les premiers rayons de soleil. C’est là, dans ces parois abruptes, que les deux gypaètes Guildo et Aisone ont élu domicile, formant un couple en principe uni pour la vie. Le premier, une femelle de neuf ans a été lâchée en 1998 dans le Parc national suisse – elle a reçu son patronyme en l’honneur de la Guilde des rôtisseurs, qui a subventionné sa réintroduction. L’autre, mâle du même âge portant le nom d’un village italien, a grandi dans le parc du Mercantour (sud-est de la France), puis a décidé de partir voir du pays.

Si ces deux rapaces de trois mètres d’envergure, qui pèsent jusqu’à sept kilos, ont choisi cette région des Alpes, c’est en partie pour la quiétude qui y règne: la zone a été déclarée district franc fédéral en 1911; la chasse y est interdite et la faune protégée. «Mais c’est aussi parce que les parois sont largement composées de calcaire», explique Raphaël Arlettaz. Selon de récentes études, une forte corrélation peut être tirée entre la présence de gypaètes adultes et ce type de roches: «Ces falaises sont riches en niches abritées, idéales pour installer un nid. De plus, les régions calcaires sont plus arides, ce qui crée davantage de courants thermiques dont se servent les oiseaux pour planer. Enfin, ces zones regorgent de pierriers, qui font pour eux office d’étal et de garde-manger.»

Ces rapaces ne sont en effet pas des prédateurs, mais des charognards. Ils se nourrissent des squelettes de carcasses animales, comme celles d’ongulés de montagne, en ingurgitant leurs os. Le gypaète étant un des seuls oiseaux à pouvoir les digérer, grâce à des sucs gastriques très corrosifs, peu lui disputent cette nourriture. Et lorsque les os sont trop gros, le volatile les lâche sur les pierriers d’une hauteur de 50 à 80 mètres afin de les briser en morceaux. «Pour preuve de ce lien, c’est dans ce type de régions appelées «lentilles calcaires» que se sont installés tous les couples», ajoute Raphaël Arlettaz, chemin faisant, en visant avec son bâton de randonnée la falaise évoquée.

Le poste d’observation choisi par le biologiste, qui s’occupe depuis 1987 du suivi pour le «Réseau gypaète Suisse occidentale», se situe juste en face, de l’autre côté du goulet. Il est atteint après deux heures de marche à flanc de coteau. Diligemment, le scientifique sort sa lunette d’approche et la pointe en direction d’un premier nid, construit par des aigles – le gypaète, opportuniste, n’hésite pas à s’y installer: «Vide.» Un autre. «Non.» Ailleurs: toujours rien. «Un nid sans un adulte y restant de manière quasi continue signifie qu’il n’y a pas eu de ponte à cet endroit-là. Car si l’adulte s’absente trop longtemps, les corbeaux ont vite fait de venir dévorer les Å“ufs…»

Toutefois, rien ne dit que ces accipitridés ne se seraient pas installés dans les six autres sites connus qui se trouvent autour de Derborence. «Les femelles pondent en général deux Å“ufs à quelques jours d’intervalle, en principe chaque année, explique le biologiste. Si le premier poussin est en bonne santé, il tuera son cadet. Et si le premier embryon est mal formé, l’autre Å“uf sert de réserve. Ce comportement «à la Caïn» réduit les risques d’une année sans progéniture.»

Mais bien vite, la confirmation des craintes du biologiste viendra paradoxalement d’une sublime observation: celle du vol majestueux du charognard, que l’on dit «barbu» parce qu’il a sous le bec une petite touffe de soie noire. Ses longues et étroites ailes, maintenues légèrement arquées, brillent sous le soleil. Se laissant flotter dans l’air plus chaud montant du fond de la vallée, l’oiseau décrit de larges cercles, bientôt imité par son compagnon. «Affaire classée. Voir les deux adultes voler ensemble implique que tous les nids sont vides…»

Malgré le captivant spectacle, la déception est perceptible. Ailleurs dans les Alpes, les gypaètes se sont reproduits dès qu’ils avaient atteint leur maturité, 7ans. Guildo et Aisone en ont 9. Pourquoi ce couple n’a-t-il pas niché jusqu’ici? «Nous avons des hypothèses, avance Raphaël Arlettaz. La première serait la présence dérangeante d’un deuxième mâle, Pablo, plus bas dans la vallée.» Les gypaètes sont pourtant connus pour autoriser les trios polyandriques, la femelle, le mâle dominant et le subordonné s’occupant tous trois du nid. «Mais des études ont montré que le taux de reproduction était moins bon dans les trios.»

Autre explication: «Le trajet des hélicoptères qui relient l’hôpital de Sion au CHUV à Lausanne passe au-dessus de Derborence. Un périmètre aérien avec un plafond de vol minimal a bien été défini. Mais une collision entre un appareil et un gypaète a failli avoir lieu en 2005. Plus généralement, il suffit d’un passage intempestif proche de la falaise et l’oiseau perd confiance, juge son site de nidification vulnérable. Dans les Pyrénées, où vit une autre population de gypaètes, une étude a montré que le plus grand facteur d’échec dans la reproduction était lié aux vols d’hélicoptères. Ce qui ne veut pas encore dire que ces résultats sont transposables ici.»

Au-delà de ces supputations, l’optimisme reste de mise. «Ils ont encore deux ou trois semaines pour s’atteler à la tâche, positive Raphaël Arlettaz. Après, ce sera trop tard. La période d’incubation dure soixante jours, ce qui nous mènerait en mai, une époque à laquelle la quantité de nourriture commence à diminuer. La neige aura déjà bien fondu, dégageant, pour les gypaètes mais aussi d’autres animaux, les carcasses d’animaux morts durant l’hiver», explique-t-il, avant de ranger sa lunette optique dans son sac à dos.

La balade n’est pas terminée. Plus haut, à quelques enjambées dans la haute neige, une petite colline surmontée d’une croix de bois sert de promontoire parfait pour observer la barre rocheuse des Diablerets. Les pierriers qu’elle surplombe sont justement des endroits très fréquentés par les gypaètes. Jumelles sur le nez, le biologiste suit les improbables crêtes de ces immenses coulées de rochers. Et ne manque pas de retrouver un des deux protagonistes ailés.

Mâle ou femelle? «Les gypaètes ne présentent pas de dimorphisme majeur au niveau de la taille. Dire qui est qui est donc très difficile sans décrypter le code de couleur de leurs bagues ou faire des analyses génétiques de leurs plumes.»

En vol, l’un comme l’autre présentent leur ventre ocracé aux observateurs. Etonnant, car en captivité, les gypaètes ont les plumes ventrales blanc crème. «D’aucuns ont dit que cet apparat permet au mâle d’afficher sa domination territoriale. Il a en effet été observé que, dans un trio, le mâle dominant possédait un abdomen plus coloré que le subordonné.» De son côté, Raphaël Arlettaz tient une autre explication: «Les gypaètes vont se baigner dans des eaux riches en oxydes de fer, ce qui donne cette teinte rouille à leur plumage. Stockés dans le plumage, les oxydes de fer sont ensuite déposés dans le nid, sur les Å“ufs et le poussin, qui prennent une teinte beige orangé: ils pourraient y jouer un rôle antibactérien. Cette hypothèse a l’avantage d’avoir une base fonctionnelle et pas seulement esthétique», confie-t-il.

Sur son bout de rocher, dans l’oculaire, un des deux rapaces embrasse toujours la cuvette géographique de son regard impérieux. Son compagnon, qui volait non loin, s’approche. Puis se pose à ses côtés. Soudain, les ailes entrouvertes, il saute sur son congénère. «Ils s’accouplent, ils s’accouplent! C’est la première fois que je vois ça en direct», s’écrie Raphaël Arlettaz. Leurs queues triangulaires s’entrecroisent, les cloaques se rejoignent. Sept secondes plus tard, fin de l’acte. «C’est très prometteur pour les jours à venir», lance le biologiste, le sourire retrouvé, en se réjouissant de revenir bientôt pour vérifier ce que cette saynète aura comme épilogue…

Cent mètres plus haut, depuis la buvette située à côté de la Quille du diable, fameux rocher qui domine le cirque montagneux, les quelques touristes qui prennent le soleil ont-ils remarqué que la pérennité naturelle, en Suisse, de l’un des plus symboliques rapaces des Alpes s’est peut-être jouée sous leurs yeux?

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Tags: BiologieDerborencegypaètesRaphaël ArlettazUniversité de BerneValaiszoologie

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